Devenir traducteur assermenté : mode d’emploi

Pour obtenir le titre de traducteur assermenté, il faut être nommé par une Cour d’Appel.

Aujourd’hui, on compte environ 3500 traducteurs interprètes assermentés pour 30 cours d’appel. Pas besoin de diplôme requis ! Il vous suffit d’être citoyen français, majeur et d’avoir un casier judiciaire vierge. Cependant, ce n’est pas aussi simple qu’il n’y parait. Ce titre est, en effet, très convoité.

 

Postuler auprès du Procureur de la République

Il faut, tout d’abord, remplir un dossier de postulation auprès du Tribunal de Grande Instance de votre circonscription. Il est important de prendre grand soin de celui-ci et de le compléter minutieusement. Formation universitaire, expériences professionnelles…tout doit y être noté afin de mettre en avant votre candidature. Il faudra ensuite envoyer votre dossier en 3 exemplaires.

Il faut savoir que, suite à votre dépôt de dossier, la police sera chargée de mener une « enquête de moralité » sur votre personne. Vous serez convoqué auprès du commissariat ou de la gendarmerie, voire au Tribunal de Grande Instance. Tout cela a pour but de contrôler la véracité de certaines informations vous concernant. C’est la police qui transmettra votre dossier une fois l’enquête terminée.

 

Des qualités nécessaires

Un bon traducteur assermenté se doit d’être respectueux des institutions. Son sérieux et son professionnalisme doivent être sans faille. Il est également nécessaire de faire preuve d’une grande disponibilité. En effet, travaillez pour la justice signifie pouvoir être appelé en pleine nuit ou durant le weekend. Garde à vue ou audiences au Tribunal, le traducteur assermenté devra savoir s’adapter à des horaires parfois atypiques.

Les relations humaines sont au cœur de cette fonction. Le traducteur assermenté saura manifester de l’empathie. Les capacités d’adaptation (aux personnes et aux situations) du traducteur pourront parfois être menées à rude épreuve.

 

Prêter serment

Vous l’avez compris, il y a beaucoup de demandes mais peu d’élus. Si votre dossier de candidature est accepté, vous serez convoqué par la Cour d’Appel de votre lieu de résidence afin de prêter serment. Le titre de « Traducteur Assermenté » est valable 5 ans, renouvelable, partout en France. Selon votre couple de langues et votre expérience professionnelle, vous pourrez peut-être obtenir ce titre dès votre première candidature. Sinon recommencez l’année d’après ! Les traducteurs assermentés sont automatiquement mis à la retraite à 70 ans. Des places se libéreront forcément !

Le combat des Iles Féroé

Un passé multiculturel

Les Iles Féroé sont une province autonome danoise, perdue entre la Grande Bretagne et l’Islande, qui s’étend sur 1 400 km². Elle possède son propre gouvernement et parlement. Les 50 000 habitants des Iles Féroé ont la chance de posséder une grande richesse historique, culturelle et linguistique. Les Féroïens ont été, par exemple, tour à tour dirigés par la Norvège, l’Islande mais aussi le Groenland.

Depuis peu, les Iles Féroé ont fait le pari du développement du tourisme. Cependant, l’Office du Tourisme a été heurté à quelques difficultés dont la première : l’absence de la province autonome sur le service Google Street View.

 

Le combat contre Google

Connu de tous, ce service qui cartographie la planète entière est une véritable source de visibilité pour les Féroïens. Ils se devaient de faire partir de la carte virtuelle du monde qu’est Google Street View. Pour pallier à cette absence, l’Office du Tourisme a équipé, les moutons de caméras. Ainsi est né Sheep View.

Encouragé par le succès de cette opération, l’Office du Tourisme des Iles Féroé lance Faroe Islands Translate.

En effet, la langue est une variable qui permet de faire connaître le pays et de découvrir ses habitants et leurs modes de vie. Même si seulement 80 000 personnes parlent le Féroïen dans le monde, il était important pour eux de montrer leur ouverture au monde. En créant « Faroe Islands Translate », l’Office du Tourisme est passé outre Google, une deuxième fois.

La plate-forme, permet à l’utilisateur de taper un mot ou expression dans l’une des 14 langues proposées. L’un des 200 volontaires traduira, face caméra, la requête. Un joli pied de nez au géant américain.

 

Le résultat des campagnes de l’Office du Tourisme

Aujourd’hui, nous pouvons dire que l’office du tourisme a gagné son pari.

Il est vrai que depuis 2014, l’Office du Tourisme n’a pas chômé. De 89 millions d’euros en 2015, les recettes du tourisme devraient passer à 134 millions en 2020. Un succès !

Les Iles Féroé sont maintenant sur Google Street View ! Un vrai plus pour faire connaître la province au monde entier.

Le Féroïen est également accessible dans Google Translate. Cependant, la plate-forme « Faroe Island »s Translate est, elle, vouée à perdurer.

En effet, contrairement à Google Translate, ce service dispose d’un vrai plus : les interactions avec les traducteurs. Une carte de visite supplémentaire pour les Iles Féroé.

Doit-on traduire uniquement vers sa langue maternelle ? Explications.

C’est une grande question qui fait débat dans le monde de la traduction. Même si l’on s’accorde à dire que le traducteur doit uniquement travailler vers sa langue natale, on peut s’interroger sur les raisons de cette pratique.

 

La langue est intrinsèquement liée à la « culture »

Il est plus aisé pour un natif d’adapter des concepts culturels spécifiques d’une langue à une autre, de retranscrire les expressions utilisées dans le texte source d’une manière que les lecteurs pourront qualifier de plus authentique. Le travail du traducteur est censé refléter une connaissance approfondie de l’histoire et de la culture de cette langue !
En effet, il peut être parfois compliqué de trouver l’idiomatisme adapté ou d’éviter des malentendus et inexactitudes lors du processus de traduction.

 

Mais attention

Utiliser la même langue, et cela même si nous parlons de langue maternelle, ne signifie pas pour autant l’absence de risques de mauvaise interprétation du texte original.
Par exemple, prenons le français. Selon les différentes régions du monde où celui-ci est parlé, un mot peut avoir un sens différent. En effet, nos amis québécois utilisent l’expression « magasiner » pour dire « faire du shopping ». Ils peuvent également désigner une « voiture » par le mot « char ».
Nous aurions pu prendre comme exemple les particularités qui peuvent exister entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis ou encore la Nouvelle-Zélande.
Enfin, il est évident que le traducteur doit, même s’il traduit uniquement dans sa langue natale, posséder un vocabulaire riche et faire preuve d’une aisance grammaticale dans la langue source pour traduire correctement un texte. Sans cela, le travail rendu pourra être approximatif.

Qu’est ce qu’un outil de TAO ?

Un logiciel de TAO (Traduction Assistée par Ordinateur) intègre plusieurs outils qui permettront aux traducteurs d’améliorer leur productivité tout en perfectionnant leur travail (par exemple en facilitant la cohérence de style, la mise en page, l’orthographe…). Rentrons plus en détails :

 

  • TRADUCTION AUTOMATIQUE

La traduction automatique désigne la traduction d’un texte entièrement réalisée par un ou plusieurs programmes informatiques, sans qu’un traducteur humain n’ait à intervenir.

 

  • GESTION DE LA TERMINOLOGIE

Une base terminologique permet la gestion systématique des termes validés, à la fois dans les langues source et cible. Son utilisation permet de garder une cohérente, mais aussi d’augmenter la productivité.

 

  • CONTRÔLE QUALITÉ

En plus de la vérification orthographique, le contrôle qualité vérifie que les chiffres sont identiques entre le texte source et cible et qu’ils sont dans le bon format. Cela corrige aussi automatiquement la ponctuation en fin de phrase, les espaces en trop…

 

  • RECHERCHE DE CONCORDANCES

Lorsque l’on a un segment à traduire, les outils de TAO peuvent rechercher dans la mémoire des phrases similaires. La plupart des outils font cette recherche au niveau du segment entier, mais aussi à l’intérieur du segment. Cette technique permet de mieux exploiter le contenu de la mémoire.

 

  • MÉMOIRE DE TRADUCTION

La mémoire de traduction est une base de données avec un ensemble de phrases traduites. Quand il faut traduire une nouvelle phrase, l’outil recherche dans cette base une phrase similaire ou identique, et affiche la traduction précédente.

Traducteur 3.0

Le monde de la traduction ne peut pas être encore comparé à celui des taxis, mais on ne peut nier les transformations qui viennent toucher cet « écosystème ». Crowdsourcing et ubérisation, les traducteurs professionnels sont-ils menacés ?

 

 « Ubérisation » et « Crowdsourcing »

Netflix lance-t-il cette plateforme de traduction ? Sélectionnant sur une nouvelle plateforme dédiée, Hermes.

C’est d’ailleurs un paradoxe très étrange : traduire et transmettre dans de bonnes conditions, faire vivre les professionnels, devrait être l’enjeu même d’Arte. Là, on se trouve dans le cheminement inverse : diversité et culture ne sont plus vues comme des richesses, ce sont seulement des coûts, des obstacles.

Netflix a pris place dans les salons de nombreuses familles. La plate-forme propose un ensemble de programme (essentiellement des séries) qu’il est possible de visionner en version originale sous-titrée. En créant Hermes, une « plate-forme de tests pour les traducteurs », Netflix cherche à recruter des traducteurs en se passant des circuits traditionnels. Nul besoin de diplôme, nul besoin d’être traducteur de profession.

Avec cette plate-forme Netflix cherche à réduire ses coûts et accélérer les cadences…au détriment de la qualité diront certains.

On peut également citer l’exemple d’Arte. Fin septembre 2016, la chaîne annonçait la création d’un projet pour le moins étonnant. En effet, la chaîne cherchait des volontaires pour mettre en place un système de sous-titrage collaboratif pour quelques uns de ses programmes. L’idée était simple : les internautes auraient eu la possibilité de proposer leurs traductions pour n’importe quelle langue à l’exception de l’anglais, l’espagnol, l’allemand et le français.

Une démarche plutôt paradoxale étant donner que transmettre et traduire dans de bonnes conditions, faire vivre des professionnels, devraient faire partie des enjeux même d’Arte.
 

L’émergence de nouveaux métiers ?

Le traducteur professionnel, comme on l’entend aujourd’hui, est-il en train de disparaître ou juste de se transformer ? L’émergence de nouveaux métiers autour de la traduction peut nous amener à nous poser la question.

Par exemple, on peut voir de plus en plus souvent des offres de « correcteur de traduction automatique ». Les personnes sont chargées de réviser les traductions qui ont été effectué par des programmes informatiques (type Google Translate).

Plus farfelu, l’agence londonienne Today Translations a fait paraître, au début de l’année, une offre d’emploi des plus étonnantes : traducteur d’émojis ! Les émojis sont ces petits dessins colorés permettant d’ajouter du ton et des émotions à nos textos froids. Un métier peut être plus difficile qu’il ne peut le laisser penser. En effet, saviez-vous par exemple que le caca souriant signifiait bonne chance au Japon ? Ou que la main qui salue est une insulte comparable au doigt d’honneur en Chine ?

Traducteur de mangas et animés, un métier (un peu) à part

Pour ceux qui ne connaissent pas, les mangas sont cette sorte de « bande dessinée » d’origine asiatique. Généralement en noir et blanc, les mangas se lisent originellement de droite à gauche (sens de lecture japonais). D’ailleurs, la plupart des éditeurs français ont adopté ce sens de lecture afin de respecter l’œuvre originale.

 

La culture manga

Au Japon, les mangas sont considérés comme des objets de grande consommation. Les mangas sont lus rapidement et peuvent être laissés à l’abandon dans le métro ! Il est estimé que près d’un japonais sur douze lit au moins une fois un manga par semaine !

Même si la France est un marché important pour le genre (10% d’augmentation des ventes de mangas soit un total de 13,6 millions d’exemplaires vendus), il arrive encore aujourd’hui – moins fréquemment – que l’on « oublie » de citer le nom du traducteur du manga.

 

Le casse-tête asiatique !

Le manga est un genre littéraire bien à lui. Les traducteurs qui se sont frottés à l’exercice se sont retrouvés bien des fois dans l’embarras.

Par exemple, il faut savoir qu’avec 4 Kanji (lettres d’origines chinoises utilisées en japonais), un japonais peut donner vie à une phrase complète qui donnera généralement une longue phrase une fois traduite en français. Une véritable difficulté pour le traducteur qui est chargé de faire « rentrer » tout cela dans des bulles, des cases tout en essayant de rester le plus proche de l’original !

 

« PotsuPotsu », « Kokekokkoo » et « Purururu »

Les onomatopées sont énormément utilisées dans les mangas et elles ne sont pas si simples à traduire.

En effet, il existe, par exemple, 10 onomatopées japonaises pour parler de la pluie qui tombe ! Cela va même encore plus loin dans la description : pour un japonais, une goutte d’eau qui tombe ne fait pas le même bruit qu’une goutte de sang.

Le traducteur d’un manga doit donc travailler soigneusement les onomatopées. Les émotions et même le silence ont des onomatopées bien à eux ! Un vrai casse-tête pour les traducteurs.

Le Parlement Européen et ses traducteurs

« La langue de l’Europe, c’est la traduction ». Voilà ce que disait Umberto Eco, l’écrivain italien. Une citation qui illustre parfaitement le travail des traducteurs dans les grandes institutions européennes et notamment au Parlement.

 

24 langues différentes

Au Parlement Européen, chaque élu doit pouvoir travailler dans sa propre langue. De plus, les citoyens de chaque pays de l’Union doivent pouvoir suivre les activités parlementaires sans qualification linguistique particulière.

Réunions, procédures, questions, résolutions, amendements…tout doit être interprété en direct et/ou traduit. Un travail titanesque ! C’est pourquoi le Parlement Européen accueille environ 1500 traducteurs et interprètes.

Ils traduisent vers leur langue maternelle depuis entre 3 et 8 langues étrangères ! Pour cela, ils disposent d’outils et de bases de données communes (comme LATE qui contient plus de 9 millions de termes).

Cette communauté est aussi amenée à se rencontrer régulièrement lorsque des mots, nouveaux, techniques ou rares, posent des difficultés. Cela permet une certaine homogénéisation sur les terminologies à adopter.

 

L’anglais et les conséquences du Brexit

 

Malgré l’importance grandissante de la langue anglaise au sein de l’Union Européenne, le Brexit et la sortie prévue du Royaume-Uni pourraient faire perdre le statut de « langue officielle » à l’anglais.

En effet, même si de nombreux rapports sont exclusivement disponibles en anglais (non traduits), le Royaume-Uni était le seul à avoir choisi l’anglais comme langue officielle.

Même Malte et l’Irlande, qui parlent majoritairement anglais, ont respectivement choisi le maltais et le gaélique lors de leur entrée dans l’UE.

Le Brexit une fois effectif, l’anglais sera la langue officielle d’aucun Etat membre bien que majoritairement utilisée au sein de l’Institution Européenne.

La traduction, un art délicat !

 

Traduire, c’est de la gymnastique !

 

Une bonne traduction demande un véritable travail de compréhension afin de transcrire la pensée, le but original de l’auteur.

Traduire consiste à comprendre le chemin intellectuel qui a été emprunté par l’auteur. Mais cela peut s’avérer difficile dans certaines situations.

Comment traduire un calembour, un nom de personnage fictif, une blague ? Une véritable gymnastique !

 

Panoramix, Luke Skywalker, Poudlard et les autres

 

Par exemple, « Hogwarts », l’école de sorciers où se rend le célèbre Harry Potter, se traduit littéralement par « Cochon à verrue ». Jean-François Ménard, le traducteur d’Harry Potter en langue française, a ainsi mélangé « Poux » et « Lard » pour trouver le nom de la fameuse école : « Poudlard ».

Certains traducteurs se distinguent parfois comme pour l’auteure des Astérix en langue Anglaise, Anthea Bell. Elle n’a pas résisté à renommer le druide gaulois « Panoramix » en « Getafix ». Petit clin d’œil à la potion magique chérie par Obélix et ses comparses. En effet, « To get a fix » signifie « avoir sa dose ».

Certaines traductions, sont parfois jugées trop littérales. Ce fût le cas de Luc Courleciel dans la première version française de Star Wars. Les producteurs ont trouvé plus raisonnable de redonner à Luke Skywalker son véritable nom dans les versions suivantes.

 

Trump, un véritable casse-tête !

 

L’élection de Trump pose également quelques problèmes aux traducteurs.

En effet, le vocabulaire limité utilisé par Trump peut mettre les traducteurs en difficulté.

Faut-il traduire l’homme comme il parle en sachant que son vocabulaire est comparable à celui d’un élève de 6ème ?

Répétition des mêmes mots et mêmes expressions, syntaxe approximative…de là à dire que cette pauvreté de vocabulaire traduit un vide dans sa pensée…nous vous laissons seuls juges !

Mais au fait, comment traduire “fake news” en français ?